CENTRE OCEANOGRAPHIEQUE DES COMORES (CNDO) CNDRS
- HISTORIQUE
Force est de souligner que les Comores n’ont jamais eu un Centre Océanographique, aussi bien durant la période coloniale (1841 – 1975) ; que pendant la période post indépendante (de 1975 à nos jours). Cependant, après l’adhésion des Comores à la Commission Océanographique Intergouvernementale (IOC/UNESCO) en 2001 et dans le cadre du projet ODINAFRICA (Réseau d‘échange de données et d’information océanographiques pour l’Afrique), un Centre National de Données Océanographiques des Comores (CNDOC) a été crée depuis le 12 juillet 2001, grâce au soutien du gouvernement des Flandres et de l’UNESCO. Le CNDO est hébergé par le Centre National Documentation et de Recherches Scientifiques depuis sa création.
- LES MISSIONS DU CENTRE
Au niveau des Comores, et compte tenu des moyens limités sur tous les plans, la principale mission du Centre est d'être - au plan national - un observatoire de données océanographiques et environnementales, et servir de facilitateur aux expéditions régionales et internationales opérant dans l’espace marine comorienne. Il doit à cet effet, fournir de façon continue des données et une information marine sous forme utilisable par la communauté d'une part ; et d'être le point d'échanges de données océanographiques au plan international d'autre part. Pour atteindre ses objectifs, le Centre s’appui sur un réseau national de partenaires, constitué d'institutions nationales et d'organisations non gouvernementales impliquées dans la gestion intégrée de la mer. En concert avec ces institutions, le Centre permet de :
ü mettre en place un système de collecte, de contrôle et de sauvegarde des données et de l’information océanographique (données scientifiques et socioéconomiques) ;
ü améliorer les connaissances sur l’état de l’environnement marin et côtier ;
ü collecter et archiver les données physicochimiques, biologiques et socioéconomiques relatives au milieu marin ;
ü élaborer et diffuser des services et des produits sur les données et l’information marine ;
ü sensibiliser et promouvoir l’accès à l’information marine de tous les utilisateurs.
- LES CAPACITES DU CENTRE
Notre participation aux différentes phases du projet ODINAFRICA nous a permis de nous équiper et de participer à différentes formation en gestion de données océanographiques et de l’information marine (documentaliste spécialisée dans le milieu marin). Les capacités du centre se résument ainsi :
3.1 Ressources humaines:
1 océanographe, niveau Bac+4 (fonctionnaire)
Une géologue, stagiaire
Une documentaliste (formée par le projet mais actuellement affectée à l’Université des Comores)
Un réseau d’experts nationaux
3.2 Equipements :
Deux ordinateurs offerts par le projet ODINAFRICA pour l’élaboration d’un atlas numérique(en cours)
une imprimante(vieille de 12ans) offerts par ODINA II
un scanner(vieux de 12 ans) offert par ODINA II
logiciel de cartographie ARCGIS
des logiciels d’analyse de données océanographiques
logiciel de modélisation des tsunamis
Connexion internet haut débit(fibre optique)
Un ordinateur offert par la CTBTO pour l’acquisition de données sismiques ( éventuellement données tsunamis)
Une imprimante laser offert par la CTBTO
Serveur offert par la CTBTO
- LES REALISATIONS DU CENTRE
Depuis sa création, le Centre a participé à diverses formations nationales, régionales et internationales sur la gestion des données et de l’information marine ; la gestion de la biodiversité marine et la gestion de projets de développement. Dans le cadre de la mise en œuvre des phases II, III et IV du projet ODINAFRICA, le CNDO a développé des produits de données, d’information marine et de sensibilisation. Les autres réalisations du centre sont :
Collecte de données biologiques sur la biodiversité, de données socio-économiques de la pêche aux Comores
Elaboration de produits de données (CDs, répertoires, catalogue, base de données)
Suivis de formations en gestion de données océanographiques, gestion de l’information marine, modélisation numérique des tsunamis, initiation à la cartographie marine, EIE, gestion des ressources naturelles, gestion de projets
Campagne d’information, de sensibilisation
Diffusion de dépliants d’information sur les activités du centre ;
Développement de posters présentés dans les symposiums internationaux
Réalisation d’un inventaire des experts nationaux de l’environnement marin;
Elaboration d’un catalogue du fond documentaire marin et côtier ;
Animation de conférences - débats au CNDRS sur le milieu marin
Publication d’articles dans le journal scientifique YA MKOBE.
Participation à la mise en œuvre du projet COAST MAP
Participation à l’installation du premier marégraphe du pays
Participation à la mise en œuvre du projet consortium tsunami
Contribution à la mise en œuvre du projet renforcement des capacités de gestions des catastrophes naturelles
Participation aux expéditions océanographiques des projets ASCLME et SWIOFP
Participation aux campagnes de sensibilisation du projet Progeco
Participation à l’élaboration du Plan National de Réponse aux urgences.
Participation à l’élaboration de la Stratégie Nationale et Plan d’Action pour la conservation de la diversité biologique des Comores
Participation à l’élaboration des 2 communications nationales sur les changements climatiques
Participation à la rédaction du Plan d’Action National d’Adaptation aux Changements climatiques(PANA
Formateur en écologie marine et gestion durable de la zone côtière destinée aux communautés de base
Participation aux suivis monitoring des récifs coralliens
- LES PARTENAIRES
Notre centre collabore avec toutes les institutions suivantes impliquées dans la gestion de l’environnement marin et dans l’exploitation de la mer. Il s’agit :
Des institutions publiques nationales :
Direction Nationale de l’Environnement, Direction Nationale des Ressources halieutiques (pêche), Direction Nationale de la météorologie, Direction Nationale des Transports, le Parc Marin de Mohéli, la Commission Nationale de l’Unesco
Des Entreprises Privées
La société de pêche COMPECHE
Des ONGs, des coopératives de pêcheurs, associations villageoises de protection de l’environnement
L’ONG AIDE (point focal national récif), Oulanga, Association Gombessa
Des institutions régionales :
La Commission de l’Océan Indien COI, the Western Indian Ocean Marine Science Association
Des institutions internationales
IOC/UNESCO, World Meteoroligical Organisation
- LES DIFFICULTES RENCONTREES
- Financières
Le centre n’a pas rçu de financement du projet ODINAFRICA depuis 2003 et ne reçoit aucune subvention de l’état. Les quelques réalisations sont financées par les différents projets partenaires. Ce manque support financier bloque la collecte des données et surtout le développement de produits de données.
- Ressources humaines:
En plus des problèmes d‘ordre financier, le centre est très limité en matière de scientifiques de haut niveau. Le pays ne compte d’aucun niveau doctorat en océanographie, ni de biologiste marin ou autres domaines scientifiques relatives au milieu marin. Notre institution n’a pas de spécialiste SIG(cartographie) capable d’aider le centre à élaborer les produits.
Nous avons des difficulté à faire fonctionner le centre d’information pour des raisons de budget et le manque d’un gestionnaire de l’information marine depuis l’affectation du documentaliste à l’Université
- La barrière linguistique
L’anglais est mal maitrisé par les membres susceptibles de contribuer au développement du centre. Nous bénéficions souvent de formations financées par l’UNESCO et d’autres organisations mais nos partenaires ne peuventpas soumettre des candidatures à cause de la barrière linguistiques car ces formations sont toutes en anglais et ils éxigent de présenter une attestation TOEFL ou équivalent prouvant qu’on maîtrise l’anglais. Ceci nous pénalise fortement acr aucune organisation francophone ne nous a déjà offert ces opportunités.
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- Coopération avec les partenaires et autres projets
La collaboration du CNDRS en général avec les points focaux des conventions relatives au milieu marin (convention de Nairobi sur la biodiversité, convention sur les changements climatiques) est très timide alors que ce sont ces conventions qui financent et appuient les activités nationales relative au renforcement des capacités des structures nationales de gestion de l’environnement marin. Tous les fonds alloués aux différentes activités sont gérées par le Ministère de la production et ne sont pas reparties dans les autres structures partenaires de ce ministère ; ceci crée un déséquilibre dans la participation effective des autres institutions dans la mise en œuvre des conventions internationales et la contribution de notre institution.
- LES BESOINS
- Financiers
Le centre a besoin d’une ligne budgétaire pour son fonctionnement. Jusqu’ici, le centre est financé uniquement par le projet ODINAFRICA mais depuis 2003 aucun décaissement n’a été réalisé. Le centre fonctionne avec les maigres ressources du CNDRS.
- Ressources humaines
Le seul océanographe responsable du centre a un statut de chercheur associé au CNDRS mais est officiellement enseignant au lycée Said Mohamed Cheikh. Etant déjà fonctionnaire, Il serait souhaitable qu’il puisse être affecté à temps plein au CNDRS afin qu’il puisse se consacrer aux diverses activités du centre.
Les deux autres membres du centre étant stagiaires, une demande de régularisation de leur statut est introduite au CNDRS et il serait souhaitable de recruter ces deux personnes ressources pour renforcer l’équipe du centre. Ces deux stagiaires s’occupent des activités du centre de données sismiques de la CTBTO.
- Formations
Pour pallier à ces insuffisances, nous devons mettre l’accent sur la formation de l’équipe du centre qui compte uniquement des scientifiques de niveau maitrise (Bac +4) et Licence.
Nous demandons à bénéficier de formations de troisième cycle en océanographie biologique, physique et en cartographe marine et d’un informaticien de haut niveau.
Les autres besoins sont :
ü Encourager les échanges avec les centres océanographiques régionaux (Madagascar, Maurice, Zanzibar, Cap Town) et internationaux
ü Meilleur collaboration du centre avec l’Université des Comores
ü Relancer le centre d’information en désignant une autre gestionnaire formation (expérience en documentation et ayant de bonnes bases en anglais).
ü Mettre en place un Système d’Information Géographique(SIG) pour finaliser l’atlas numérique du projet ODINAFRICA
ü Désigner un webmaster pour le développement du site web du centre : le projet Odinafrica offre des possibilités de formation mais nous avons du mal à identifier parmi nos partenaires un candidat ayant les compétences requises notamment linguistiques et informatiques.
ü Créer une brochure trimestrielle spécialisée sur les activités du centre : le projet odinafrica lance régulièrement des appels de formations financées dans le développement de produits de communication mais aucune candidature comorienne n’a manifesté d’intérêt pour des raisons de barrière linguistiques car toutes les formations sont dispensées en anglais.
ü Développer un modèle numérique d’assistance sur la gestion des risques naturels liés au Tsunami et aux inondations (à partir du logiciel CoMiT)
ü Renforcement du centre de données sismiques CTBTO par l’acquisition de nouveaux équipements (hydroacoustiques et radionucléides)
ü Actualiser l’inventaire de la biodiversité marine des Comores
ü Réaliser une cartographie de la bathymétrie de la zone côtière(avec l’appui des expéditions scientifiques internationales et régionales
ü Elaborer une base de données sur les poissons commercialisés aux Comores
ü Actualiser le répertoire des experts nationaux dans le domaine des sciences de la mer
- CONCLUSION
Malgré les initiatives qui sont développées au niveau national, l’on peut dire que les Comores ne sont pas assez outillées pour bien comprendre l’environnement côtier et marin et se préparer à toute éventualité. Notre ignorance est immense, incommensurable. Malgré cette ignorance, il y a une certitude : le littoral des Comores et l’océan sont menacés à cause du changement climatique, la surpêche et la pollution. Les lieux de paradis, où l’on trouve des coraux, des myriades de poissons, des eaux cristallines se raréfient. L’avenir des îles est menacé : l’océan se réchauffe, l’eau se dilate et la mer monte. Le régime des précipitations se modifie et les Comores ont un grand retard sur la prise de conscience et l’adaptation au changement climatique. Il convient d’appréhender l’évolution du climat comme élément essentiel en matière de développement économique et d’aménagement du territoire, mais également en matière de coopération régionale.
Dans le souci d’une vision globale du milieu marin et pour éviter les clivages d’intérêts ou de politiques entre différents ministères, il est nécessaire de fédérer tous les moyens au niveau national pour renforcer le Centre Océanographique. Ce renforcement passe par une mobilisation de ressources humaines compétentes, des équipements adéquats pour rendre le centre opérationnel.
Le renforcement des capacités du Centre Océanographique permettrait aux Comores, non seulement d’approfondir ses connaissances sur la mer, mais aussi et surtout d’assurer une meilleure gouvernance dans ce secteur, en propageant des bonnes pratiques de gestion durable et en préparant la population sur les catastrophes éventuelles.